L'ÉTRANGER DE CAMUS - TEXTE DU PODCAST

1. Biographie d'Albert Camus

Il naît le 7 novembre 1913 près de Mondovi, en Algérie, qui est à l’époque encore une colonie française. Il est donc pied-noir, c’est-à-dire qu’il fait partie d’une famille française qui habite en Algérie. Sa famille est présente en Algérie depuis plusieurs décennies. Il passe toute sa jeunesse à Alger, où, grâce notamment à son instituteur Louis Germain, il reçoit une bourse et peut poursuivre ses études.

Dans les années 30, il étudie la philosophie et s’engage dans le Parti communiste avant d’en être rapidement exclu. On lui diagnostique également assez jeune la tuberculose et il restera malade jusqu’à la fin de sa vie.

En 1937, il publie ses premiers écrits L’Envers et l’Endroit, suivi de Noces en 1938, et entame parallèlement une carrière de journaliste. Il part en France en 1940 pendant la Seconde guerre mondiale et publie en L’Étranger et Le Mythe de Sisyphe en 1942. Pendant la guerre, il rejoint la résistance en s’engageant notamment pour le journal Combat. En 1947, il publie La Peste. Par la suite, pendant la Guerre d’Algérie, Camus s’engage pour la paix et rédige de nombreux articles qui seront réunis sous le titre de Chroniques Algériennes. Il reçoit le Prix Nobel de littérature en 1957 pour l’ensemble de son œuvre avant de mourir prématurément dans un accident de voiture en 1960 - dans la voiture de son éditeur, Michel Gallimard. À ce moment-là, il était en train de rédiger un roman, Le Premier Homme, qui sera publié de manière posthume.

2. Contexte littéraire

Camus n'appartient pas à un courant littéraire particulier, mais on peut le rattacher sur certains points à l’existentialisme, notamment représenté par Jean-Paul Sartre. Cette doctrine philosophique implique que « l’existence précède l’essence », c’est-à-dire que l’homme naît sans but prédéfini, et que c’est seulement par la suite qu’il se définit, par ses actes, dont il est lui-même responsable. Ce sont notre vie et nos actions qui définissent qui nous sommes. Cela a quelque chose de très nouveau à ce moment-là, parce que jusque là l'on pensait qu'un Créateur, tel que Dieu, donnait une "essence" à l'Homme avant même qu'il existe. Cependant, il faut faire attention, Camus ne se revendique pas directement de ce mouvement, mais on peut trouver des similarités notamment dans l’idée que notre existence n’a pas de sens et dès lors, une grande liberté en découle dans la mesure où l’Homme doit se créer lui-même par ses actions, et qu'il n’a donc pas d’essence prédéfinie.

Ces éléments sont centraux dans l’œuvre de Camus, qu’il a d’ailleurs divisé en trois grands cycles :

1. 1. Le cycle de l’absurde
   2. Le cycle de la révolte
   3. Le cycle de l’amour

Le premier cycle est donc centré autour de l’idée d’absurdité et d’absence de sens de la vie. En font partie, l’essai Le Mythe de Sisyphe, L’Étranger et les pièces de théâtre Caligula et Le Malentendu. Malgré cette absurdité de la vie, Camus ne prône pas un renoncement mais appelle plutôt à la révolte, comme l’indique son second cycle constitué de La Peste et de L’Homme révolté. Cette idée est encore confirmée par la thématique de son troisième cycle, l'amour, qu'il n'a pas pu développer à cause de sa mort prématurée, mais duquel fait partie Le Premier Homme - roman qu'il écrivait au moment de mourir - et d'autres écrits qu'il voulait entamer, comme le mythe de Nemesis et Don Faust (info dans ses Carnets en 1956). 

3. L'absurde

La philosophie de l’absurde est théorisée par Camus. L’absurde est défini  comme un sentiment de séparation, d’étrangeté par rapport au monde extérieur. C’est en fait ce qui résulte de la confrontation du monde tel qu’il est (c’est-à-dire irrationnel, qui ne fait pas sens en lui-même) et la conscience humaine qui elle veut donner du sens (parce que chacun a de grandes aspirations et aimerait trouver un but à sa vie). Une citation très célèbre de Camus dit :

"L'absurde naît de la confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde."

C’est un sentiment commun à tous les hommes, cela parle à tout le monde. Forcément, on a réfléchi à ces questions-là avant Camus, mais à ce moment-là l’Homme ressent particulièrement l’absurde, selon Camus, notamment parce qu'en Europe, dans les années 1940, l'Homme a perdu ses marques - la religion, la foi sociale et les valeurs morales, après avoir traversé l'horreur de la guerre. L’Homme est encore plus solitaire et désespéré que jamais, ce qui amène un sentiment de désarroi profond que l'on peut appeler l'absurde. Cependant, ce qu'il est très important de comprendre, c'est que pour Camus, l'absurde n'est pas une raison de désespérer et il ne faut pas se résigner à cet absurde. Les deux solutions que l'on pourrait imaginer pour échapper à l'absurde sont.............................

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